Le peuple des bénévoles – deuxième partie

21/09/2021

DEUXIÈME PARTIE

Au cours de cette même période, j’ai pris la responsabilité d’initier, accompagner et diriger la création d’un festival à Arras « Faites de la Chanson » aux côtés de l’association Di Dou Da qui tenait à mettre en lumière ses 10 premières années de concerts découvertes et d’actions autour de la chanson comme le projet « Nous chanterons les droits de l’Homme » impliquant 400 enfants sur trois années.  S’ensuivit une décennie de riche collaboration au service de DIDOUDA, de son projet rassemblant professionnels et amateurs, et de ses dizaines de Bénévoles. Certains avaient des engagements sociaux et humanitaires, d’autres plus politiques comme dans des mouvements comme ATTAC.

Au moment de « Faites de la Chanson » la quasi totalité répondaient présents. Une bonne centaine de personnes mobilisées œuvraient à des tâches nombreuses et variées. La longue préparation bénévole de ce festival pouvait parfois être jalonnée d’âpres débats ou de tensions bien naturelles. Mais tous ces acteurs engagés et désintéressés partageaient surtout la même conviction :  celle de construire en commun.  Personne n’aurait pu financer cette semaine de festival et ses mois de préparation, à moins de mettre les prix des places à plusieurs centaines d’euros (comme le Main Square proposé parle Groupe Privé Live Nation proposé à Arras aussi, quelques jours après le festival de Di Dou Da )

Quelques subventions publiques, des mécènes et des donateurs soutenaient ce que nous appelions l’Éducation Populaire. Ces mouvements humanistes qui nous permettent de nous auto-éduquer par l’expérience, la recherche de complicité auprès de plus compétents que nous. Nous définissions des règles et petit à petit dans le développement du projet, nous faisions naître et  vivre  une philosophie. Dans les projets du Forum et ceux de Di Dou Da c’est l’HUMAIN qui était au centre. C’est l’HUMAIN qui nous animaient toutes et tous. Dans les spectacles bien sûr mais aussi dans les différentes animations et ateliers.  Nous échangions beaucoup et sincèrement, loin des égos des uns et des autres, et surtout d’un seul.

Autres bénéfices, de ce festival comme tant d’autres plus économiques ceux-là ,: les transports, des bars, des restaurants, des hôtels accueillent des clients qui consomment et reversent impôts, contributions salariales, et sociales etc. Je me souviens qu’un directeur d’hôtel me remerciait pour le festival parce que chaque mois de juin son chiffre d’affaire était bien meilleur. Cela grâce aux artistes mais aussi à des dizaines de bénévoles. Ce qui prouve une fois de plus que  les subventions culturelles sont en partie un investissement économique et non des cadeaux. 

Quinze années d’engagements, de recherches, des centaines de bénévoles, d’amateurs participants à des spectacles ne seront plus jamais respectés parce que certains veulent jouer aux professionnels et n’ont d’autres ambitions que leur égo ou le fric.  Le commercial prend le dessus, la Philosophie du projet n’est plus respectée. Certains élus sacrifient et méprisent des années de travail de militants culturels. Le Paraître passant, hélas, désormais avant l’Être.

De France et d’ailleurs on constate chaque jour que le bénévolat est de plus en plus souhaité non pas pour le développement et l’épanouissement des humains, mais comme main-d’œuvre gratuite dédiée à la réalisation d’un projet personnel ou commercial. On me dit qu’Il est envisagé de privatiser des institutions culturelles, des orchestres, des compagnies de danse comme le sont et le seront d’ailleurs certains musées. On me dit que Même les vieilles charrues vendent leurs âmes.

Les temps sont lourds pour l’Humain et plus que jamais avantageux pour le fric et l’industrie culturelle puisque désormais c’est ainsi qu’on appelle la Culture.

Il me semble qu’à l’heure où tout devient produit commercial, où nous sommes nombreux à déplorer la perte de sens, ou des milliers de gens se sentent perdus et abandonnés et se réfugient dans des mouvements violents et ou religieux, il devient urgent de témoigner, de parler, d’écrire. Aller à la recherche de sens me parait indispensable.

Nos actions culturelles, et elles seules, sont plus que jamais ESSENTIELLES pour rassembler,   pour nous encourager à continuer à rêver et nous permettre de  construire un Demain riche, créatif et positif.

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