Bernard Joyet AU THÉÂTRE CLAVEL AUJOURD'HUI : Julien le déterré (à Christian C.) d'après un monstre
ET VOICI LE RÉSULTAT. Je me suis empressé de le mettre au programme de notre spectacle. Il n'est pas chanson, peut-être un jour le sera-t-il mais pour l'instant et dans ce spectacle qui raconte une vie, avec ses moments de douceurs, de bonheur, mais aussi de moment plus difficiles il me semble qu'il a plus de force encore. Merci Bernard. Je ne peux être là. Je suis au Nicaragua et je prépare un spectacle pour le mois de la Francophonie à l'Alianza francesa de Managua. Le 10 Mars. J'espère que le public sera là ce Dimanche 20 janvier au théâtre Clavel avec notre chère Nathalie Miravette.
JULIEN LE DÉTERRÉ (À CHRISTIAN C.)
Au cimetière
D'Armentières
Fossoyait un vieux fossoyeur
Toujours la pioche
À la roche
C'était un rude travailleur
Les braves gens n'étaient pas tendres
On disait de lui pis que pendre
Qu'il était un peu dérangé
Angoissant méchant détraqué
Il feignait de rien entendre
C'était Julien le déterré
Allée centrale
Une dalle
Trois pots de fleurs un écriteau
Trois chrysanthèmes
Un je t'aime
À toi mon fils parti trop tôt
Julien lui fit serment naguère
Je vivrai dans ce cimetière
Tout est ici rien n'est ailleurs
Ce soir je change d'employeur
Près de toi et ces croix de pierre
Ton père sera fossoyeur
C'est à l'asile
De la ville
Qu'on enferme les demeurés
Ceux qui dérangent
Trop étranges
Comme Julien le déterré
On l'a sorti de sa tanière
Ainsi qu'on mène à la fourrière
Les animaux trop singuliers
Et les chiens perdus sans collier
On a pris malgré ses prières
Jusqu'aux lacets de ses souliers
Puis on l'isole
Camisole
Puis on l'endort à petit feu
De cure en cure
En piqûre
On le drogue peut-être un peu
Puis il se griffe se mutile
On le dit muet sourd et débile
Il se cache comme un gamin
Mange la terre du jardin
Il s'éteint il est immobile
Il ne bouge plus qu'une main
- - — — - —
Au cimetière
D'Armentières
Dans l'allée centrale je viens
Il y a ma mère
Et mon père
Et puis mon grand-père Julien
Quand la pluie tombe
Sur leur tombe
Moi j'en profite pour pleurer
Pour que personne
Ne soupçonne
Mon chagrin mon cœur déchiré
- - — — - —
Chemin des Dames
Pas une âme
C'est le silence après l'enfer
Après les bombes
L'hécatombe
Morceaux de chair morceaux de fer
Dans la boue rouge
Rien ne bouge
Sauf le fantôme d'une main
Vite on s'affaire
On déterre
Le mort est vivant c'est Julien